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October 17, 2007

Poète cannibale

La presse mexicaine l’a surnommé le « poète cannibale », parce qu’il écrivait des récits d’horreur et a assaisonné de jus de citron la chair frite de sa dernière victime, une des femmes vulnérables qu’il aimait séduire par ses talents littéraires.
Admirateur du marquis de Sade et d’Hannibal Lecter – le psychiatre anthropophage du film Le Silence des agneaux –, accro au cinéma porno et à la zoophilie, adepte de rituels de sorcellerie, cocaïnomane et alcoolique, José Luis Calva Zepeda, 40 ans, semble tout droit sorti de l’univers gore dont il raffolait. Cet habitant de Mexico, où il changeait fréquemment d’adresse, est soupçonné d’avoir étranglé, puis mutilé, deux de ses fiancées.
Mais la police enquête aussi sur un possible lien avec le meurtre de trois autres femmes au profil similaire, notamment une prostituée dont le cadavre, découvert en avril dans une valise, n’avait plus ni mains ni pieds.
Depuis son arrestation, le 8 octobre, José Luis Calva fascine l’opinion publique. Les policiers ont pénétré dans son appartement à la demande de la famille de sa compagne, Alejandra Galeana, 32 ans, mère célibataire de deux enfants et employée de pharmacie, qui avait disparu depuis plusieurs jours. Ils ont trouvé le corps démembré de la jeune femme dans un placard, une jambe dans le réfrigérateur, des os dans une boîte de céréales et un bras flottant dans un bouillon sanguinolent.
Les experts viennent de confirmer que les restes recueillis sur une assiette, une fourchette et dans une poêle à frire appartenaient bien à la jeune femme. Tout indique que José Luis Calva a mangé des morceaux de sa victime, a déclaré le procureur Octavio Romulo Salas, lundi 15 octobre, lors d’une conférence de presse. José Luis Calva n’a pas encore effectué de déposition : blessé à la tête après avoir tenté de fuir en se jetant du balcon de son appartement, il est soigné dans un hôpital de Mexico. Mais plusieurs indices éclairent sa personnalité. Les enquêteurs ont découvert chez lui un roman inachevé qu’il avait intitulé Instincts cannibales et où il s’était représenté luimême en couverture, affublé du masque de cuir de l’inoubliable Hannibal Lecter. Les 120 Journées de Sodome, du marquis de Sade, était l’un de ses livres de chevet. Rituels de sorcellerie Selon une de ses anciennes fiancées, qui a rompu avec lui en juillet et dont la justice protège l’identité, José Luis Calva l’avait conquise en lui écrivant des poèmes. Il lui racontait que « les anges existent et qu’il était l’ange
qui prendrait soin d’elle », selon le procureur. Il s’était ensuite révélé un amant possessif. Se faisant passer pour un professeur de littérature, il finançait sa consommation d’alcool et de cocaïne grâce à la vente, dans les rues, de copies manuscrites de ses poèmes. A la fin d’un de ses ouvrages, Le Marcheur, José Luis Calva a écrit : « Je dédie ces mots à la création la plus grande de l’univers, qui est moi. »

Joëlle Stolz
Mexico, correspondante

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