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February 20, 2009

A monument to The Most Famous Shoe


Mountazer Al-Zaïdi a l'Irak à ses pieds


LE MONDE | 19.02.09 | 15h18

ouri Al-Maliki, le premier ministre d'Irak, affirme avoir reçu de sa part un mea culpa en bonne et due forme, doublé d'une demande officielle de pardon. Dhirgham Al-Zaïdi, l'un de ses trois frères, jure que c'est faux. Qu'il "ne regrette rien". Qu'il "est très fier" de ce qu'il a fait. Et que si c'était à refaire, "il le referait". . Click me to see a larger image Lui, c'est Mountazer Al-Zaïdi, champion du monde du jet de chaussures sur chef d'Etat et symbole international de l'indignation télévisée, dont le procès s'est ouvert jeudi 19 février devant la Cour criminelle centrale à Bagdad avant d'être ajourné au 12 mars.Confrontés à l'affaire irakienne la plus universellement célèbre depuis le procès de Saddam Hussein en 2007, les juges devaient décider si le geste mondialement diffusé du journaliste, le 14 décembre 2008 à l'encontre de George W. Bush, relevait de "l'agression caractérisée contre un dignitaire étranger", ou simplement de "l'insulte". Nuance capitale : dans le premier cas, le contrevenant risque de cinq à quinze années de prison, d'un à cinq ans "seulement" dans l'alternative.
Après avoir brillamment montré sur les écrans du monde entier qu'il avait une belle capacité d'esquive et une échine plus souple qu'il n'y semblait jusque-là, George Bush, la "victime", avait lui-même montré la voie en appelant les autorités irakiennes à ne pas "réagir avec excès". Faisant preuve d'un humour inattendu - "tout ce que je peux dire c'est que c'était une taille 10", avait-il souri dans son avion de retour -, le président des Etats-Unis avait déclaré plus sérieusement après l'incident : "Voilà ce qui arrive dans les sociétés libres, les gens cherchent à attirer l'attention sur eux-mêmes."
De fait, si tel était son but, ce qui ne contredirait en rien la sincérité outragée de son geste, Mountazer Al-Zaïdi a superbement réussi. Deux mois après, le fameux lancer de chaussures, on l'a dit, est encore diffusé en boucle sur tous les sites Internet, avec son apostrophe qui a tant réjoui le monde arabo-islamique : "Voici le baiser d'adieu des Irakiens, espèce de chien ! Voici pour nos veuves, nos orphelins et tous ceux qui ont été tués !"On n'épiloguera pas ici sur les 100 000 à 500 000 morts déplorés en Irak depuis une invasion officiellement lancée, en mars 2003, pour "démettre un dictateur de ses armes de destruction massive". On n'évoquera pas les milliers de civils innocents abattus "par erreur" depuis six ans aux barrages militaires américains. Ni les centaines de familles décimées comme autant de "dommages collatéraux" dans des bombardements "antiterroristes" prétendument "ciblés".
Musulman chiite pratiquant, suffisamment éclectique pour avoir affiché dans sa chambre un grand poster de Che Guevara, Mountazer Al-Zaïdi est aujourd'hui célébré comme un héros, un précurseur, jusque dans le monde sunnite. De l'Egypte à la Palestine en passant par l'Indonésie et le Pakistan, des milliers de citoyens ont défilé en sa faveur.
Depuis son emprisonnement, avec un oeil au beurre noir et une dent cassée à la mi-décembre 2008, on a raconté qu'il avait été battu, torturé. "Faux, a répliqué le magistrat instructeur. Mountazer est en excellente santé et bien traité." Le 16 janvier, son frère Dhirgham a révélé que, la veille, pour célébrer son trentième anniversaire, "des gardiens patriotes lui ont apporté en cellule un gâteau avec des bougies". Si le geste du journaliste a beaucoup embarrassé le gouvernement - notamment le premier ministre, qui n'est pas précisément célèbre pour son sens de l'humour -, en privé, des officiels ne se privent pas d'avouer en souriant "une certaine admiration pour la beauté du lancer".
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Des milliers d'Irakiens ont manifesté pour sa libération. Des coups de poing ont été échangés juste avant Noël au Parlement national entre les élus qui voulaient un débat sur son affaire et les autres. Des poètes ont chanté sa gloire dans les journaux. En janvier, Maith Al-Amari, un célèbre sculpteur de Bagdad, lui a dédié une oeuvre : une gigantesque chaussure en cuivre et fibre de verre disposée sur une place publique de Tikrit, la ville de naissance de feu Saddam Hussein. Les autorités ont vite ordonné son démontage. Mais l'événement a fait du bruit. Le journaliste a lancé une mode universelle d'expression, qui a donné naissance à des centaines de jeux et produits dérivés en ligne. Et il a provoqué une crainte diffuse parmi les puissants de la terre. Il est sérieusement question, désormais, d'obliger les journalistes invités aux conférences de presse des hauts dirigeants, au Moyen-Orient et ailleurs, de se déchausser avant d'entrer. Ou de rendre les babouches en tissu obligatoires...
Du statut d'obscur salarié d'une station de télévision irakienne inconnue nommée Al-Bagdadiya, exclusivement diffusée par satellite depuis Le Caire, Mountazer Al-Zaïdi est devenu l'icône des opprimés de la terre, l'idole des foules arabes, le vengeur patenté des musulmans de la planète, le rédempteur fêté de tous les plumitifs inécoutés de l'univers. C'est sans doute une régression, mais, pour exprimer le rejet d'une politique ou d'un politicien, la télévision a démontré une fois pour toutes qu'une galoche bien ciblée valait mille clichés d'horreurs de guerre, ou dix mille éditoriaux savamment argumentés.
Originaire de Nadjaf, la ville sainte de l'islam chiite, Al-Zaïdi louait une modeste chambre dans le quartier chiite historique de Khadhamiyah, à Bagdad. Titulaire d'une licence en communication, il était salarié d'Al-Bagdadiya depuis septembre 2005. Deux ans après, alors que la guerre civile faisait rage entre les deux grandes "chapelles" musulmanes d'Irak, il avait été pris en otage par des djihadistes sunnites, malmené et libéré trois jours plus tard sans trop de dommages. En janvier 2008, nouvelle interpellation, par les Américains cette fois, lors d'une descente militaire dans son immeuble. Relâché le lendemain, il professait, a confié son frère aîné, Dhirgham, "une haine viscérale de l'occupation américaine, de même qu'un rejet total de ce qu'il appelle "l'occupation iranienne virtuelle"". Pour lui, a ajouté l'aîné, "l'influence iranienne en Irak est le revers de la monnaie américaine".
"Mon client, a dit son avocat Me Dhiya Al-Saadi, est un patriote qui a voulu manifester son refus de l'occupation étrangère. Son acte fut symbolique et ne peut en aucun cas être assimilé à une tentative de meurtre. Depuis quand une chaussure peut-elle tuer ?" L'objet du délit, en tout cas, ne pouvait plus être présenté comme pièce à conviction : la chaussure - de fabrication turque ou irakienne selon les sources - a été détruite par les services de sécurité, chargés de déterminer si elle contenait ou non de l'explosif. L'examen fut négatif.

Mountazer Al-Zaïdi n'a pas cherché à tuer George Bush. Simplement à lui dire son mépris, sa frustration, sa souffrance d'Irakien. "Il compte bien être innocenté et relâché, a expliqué Me Al-Saadi. Son geste s'apparente à une forme d'expression bien connue en Occident, le lancer de tomates ou d'oeufs pourris sur les dirigeants détestés". Zaïdi serait un "entarteur" à la mode arabe en quelque sorte...


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