A building almost 1 mile high **fr

Certains voient grand. Javier Pioz et Maria Rosa Cervera, deux architectes espagnols, espèrent construire une « ville verticale » réunissant logements, commerces et bureaux, pour accueillir jusqu’à 100 000 personnes. La Bionic Tower, construction de 300 étages, est prévue pour s’élever sur une petite île artificielle au large de Shanghaï, à 1 228m de haut.

Depuis vingt ans, ces deux architectes s’inspirent des éléments naturels comme les structures végétales ou les ossatures animales. Pour ce nouveau défi, « l’important n’est pas réellement la hauteur, mais plutôt le réagencement des matériaux », précise M. Pioz. Jusqu’à présent, les très grandes tours sont stabilisées par des structures pleines, souvent axées autour d’un noyau central qui occupe plus de 60% de l’espace du bâtiment. La structure verticale de la Bionic Tower est, elle, constituée de 276 colonnes formant trois cercles concentriques à partir desquels se développe un réseau d’axes pour superposer les étages. « La construction est un peu à l’image des ailes d’un oiseau composées de petits os, chacun très fragiles, mais qui ensemble atteignent une résistance impressionnante», explique M. Pioz.
« Les matériaux actuels, dont les bétons ultrarésistants, permettent
d’atteindre de telles hauteurs de construction, commente Jean-Pierre Viguier, architecte de certaines tours de la Défense. Ils présentent même une flexibilité et une résistance au feu plus intéressantes que l’acier, jusque-là principale faiblesse de nos gratte-ciel.» La tour, de 250 mètres de diamètre, devrait se construire par blocs de 80 m. « Les tronçons terminés pourront être habités alors que la construction continuera », précise M. Pioz. Entre chaque bloc sont prévus des espaces coupe-feu et des bassins pour récupérer l’eau ruisselant des façades. Un réseau de 368 ascenseurs a été imaginé pour gérer les déplacements.
Les détracteurs du projet ne remettent pas en question sa faisabilité, mais s’interrogent sur l’utilité d’un tel bâtiment et son impact sur la vie urbaine. Les
concepteurs répondent que « la densité de population et la limite du territoire forcent à imaginer les buildings du XXIe siècle ». Les attentats du 11-Septembre ont un temps freiné ce projet. Mais la course aux gratte-ciel semble à nouveau relancée, notamment à Dubaï où une tour de plus de 700 mètres est en construction. « Nous attendons désormais la licence de la ville de Shanghaï, qui interdit pour l’instant toute construction dépassant les 500 mètres », conclut M. Pioz, qui espère voir débuter le chantier, prévu pour durer quinze ans, en 2015