Le Monde on Cannibals
Visiter le site cannibale de Botco se mérite. Pour arriver dans ce petit village au milieu de la brousse, au nord-est de l’île de Malekula, il faut grimper àbord d’un camion cahotant. Puis, arrêté par la boue, continuer sur unsentier pour une heure de marche à travers une plantation de cocotiers. Bientôt, au milieu d’une forêt tropicale, le village apparaît: sept frères se sont installés ici avec leurs familles. Le groupe est issu des Big Nambas, l’une des tribus les plus célèbres de Malekula. Une île de 25000 habitants, à l’ouest de l’archipelduVanuatu–l’ex-condominium des Nouvelles-Hébrides–, connue pour la diversité de ses coutumes et leur importance dans la vie des habitants, dont beaucoup continuent de célébrer les traditions lors des cérémonies annuelles.
Botco n’a pas toujours été situé ici. Jusqu’à il y a un siècle, le village se trouvait enamont. L’arrivée des missionnaires chrétiens a tout changé: à travers l’île, le peuple mélanésien fut prié de quitter les collines pour oublier ses croyances en des esprits parfois cruels. Dans ce joli village de huttes, le sang des victimes n’a donc pas coulé. Pour trouver trace des sacrifices, c’est plus haut qu’il faut aller, en suivant l’un des chefs, Gilbert Nurumbal.
Après une autre heure de marche sur une piste paradisiaque, où avocatiers et bananiers côtoient les cacaoyers, on arrive sur le site, réservé aux hommes. Le lieu est tabou – « tabu » en bichlamar, l’une des langues nationales avec le français et l’anglais – pour les femmes, « sauf les touristes, c’est différent», précise Gilbert. Avant decommencerà faire des visites, il faut discuter avec les esprits pour leur demander l’autorisation. Ici, quelques pierres marquent l’entrée du nakamal du grand chef, la maison des hommes. En soulevant l’une d’elles, Gilbert brandit plusieurs morceaux de crâne.«Les hommes étaient enterrés la tête hors du sol. On conservait les crânes et, en cas de guerre entre tribus, on les emportait avec nous», explique-t-il.
read more
0 comments:
Post a Comment