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June 7, 2010

Sally Mann's Kids

Vision étrange : dans les rues de Lausanne, des affiches vantent une exposition à voir dans la ville. La photo en noir et blanc représente une fillette de 10 ans, de biais, les mains jointes vers le ciel, et qui nous regarde. Elle est nue. Photo innocente. Mais depuis quelques années, il est difficile de ne pas rapprocher le sujet de la pédophilie.
L’auteur de l’image s’appelle SallyMann. Cette belle Américaine aux yeux verts, 59 ans le 1ermai, vit avec son mari dans une ferme perdue de Virginie. Elle a droit, jusqu’au 6 juin, à une rétrospective au Musée de l’Elysée, belle demeure bourgeoise qui domine le lac Léman. La première salle de son exposition, d’où est extraite la photo de l’affiche, a pour titre «Immediate Family». Elle réunit des photos prises entre1984 et 1991, de ses enfants qu’elle regarde grandir – ses filles Jessie et Virginia, son fils Emmett.
read more Ce ne sont pas des instantanés mais des mises en scène lentes, réalisées avec une lourde chambre photographique en bois, sur pied. C’est l’été, il fait chaud. Les enfants sont souvent nus, ils plongent ou émergent de l’eau. Les tirages sont habités, les poses évoquent l’iconographie religieuse, mais aussi la sexualité en fouie chez l’enfant, qui pose lascivement, suggère la femme, comme ce portrait de Jessie, à 10 ans,une cigarette à la main.Ilya un côté mystique, écolo, comme un retour à la terre, un mariage intemporel et paradisiaque entre les corps et la nature.
Avec cette série, Sally Mann obtient une notoriété internationale, à la fin des années 1980. Les photos sont publiées, exposées, vendues en galerie à des prix confortables. Un livre, en 1992,aux éditions Aperture, devient un best-seller.
Mais c’est aussi avec cette série que Sally Mann tutoie l’enfer. Dès le milieu des années 1990, plusieurs photographes reconnus, montrant des enfants nus, sont inquiétés, aux Etats-Unis surtout: interdiction d’expositions, dénonciation dans la presse, pages arrachées dans des livres en vente, perquisitions, ordinateurs examinés, visites de policiers, procès…
Ce qui était jugé innocent est désormais rapproché de la pédophilie. Les images sont les mêmes, mais le regard porté dessus a fortement évolué. Sally Mann a senti le vent tourner et pris les devants : avec mari et enfants, elle a rendu visite au FBI pour jurer de son innocence, faire témoigner ses filles.
Aux policiers, elle a dit en substance: «Mes enfants vont très bien, je suis une bonne mère.» Elle évoque tout ce la dans un film documentaire qui lui est consacré, What Remains (2005), de Steven Cantor, projeté au Musée de l’Elysée. Ses enfants, aujourd’hui adultes, parlent dans le film, défendant leur mère – Jessie est devenue modèle pour des photographes.
On sent dans le film que la douleur reste présente chez Sally Mann. Le sujet larattrape toujours. Car c’est sa meilleure série, la plus demandée. Elle n’a pas voulu figurer dans l’exposition «Controverses », qui réunissait des photos ayant fait débat ou scandale dans l’histoire, présentée ici même en 2008, puis à la Bibliothèque nationale de France en 2009. «Elle a refusé parce qu’elle a trop souffert », nous expliquait Daniel Girardin, qui a conçu l’exposition.
SallyMann ne renie pas ces photos, mais prend des précautions.
C’est elle qui a constitué l’exposition, écartant les images les plus suggestives, publiées dans ses livres. Elle a refusé que la fillette à la cigarette figure sur le carton d’invitation et l’affiche. «Elle est compliquée », dit Nathalie Herschdorfer, en charge de l’exposition. «J’ai eu tellement d’histoires avec ça…», lui a-t-elle dit.
Et ce n’est pas fini. A LaHaye, où l’exposition a été présentée avant Lausanne, de septembre 2009 à janvier, la police a rendu visite au directeur du Fotomuseum, à la suite d’une plainte. A Lausanne, quelques affiches ont été taguées, et le musée n’a pu trouver de sponsors pour cette exposition. L’association Terre des hommes a envoyé au musée une lettre dénonçant la présence d’une fillette sur une affiche à des fins de marketing. Sur une radio, un invité a jugé scandaleuse la pose d’enfants aguicheurs. Dans le livre d’or, parmi des phrases élogieuses, un visiteur a écrit :«Certaines images m’ont un peu choqué.» Et un autre: «Une psychopathe qui exhibe ses propres enfants.»
Il y a une autre douleur chez Sally Mann. Le monde muséal de la photographie goûte peu ses photos parce qu’il les trouve trop classiques, décoratives, «cartes postales». L’artiste a en revanche du succès auprès du gand public. «Nous attendons 20000 personnes jusqu’au 6 juin, ce qui serait notre meilleur résultat depuis des années », dit William Ewing, le directeur du Musée de l’Elysée. Sally Mann est aussi représentée par des galeries prestigieuses, Pace MacGill ou Gagosian, mais qui ne vendent pas la partie sulfureuse de son oeuvre.
Après les photos d’enfants, Sally Mann, grande amie du peintre Cy Twombly, achangé d’air et de registre, en photographiant des paysages. Des photos hyperclassiques, presque passéistes. Puis elle est retournée vers d’autres enfers: des photos des os de son lévrier mort, d’autres de corps humains en décomposition, et maintenant, son mari, atteint d’une maladie génétique incurable, qu’elle photographie nu.
Michel Guerrin

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